DÉCRYPTAGE. Les pouvoirs publics avaient annoncé, en mars 2020, que la maintenance des pompes à chaleur allait devenir obligatoire tous les deux ans. Les textes instituant cette décision sont parus fin juillet 2020 et sont entrés en vigueur pour le neuf comme pour l’existant. Explications avec Valérie Laplagne, en charge de la chaleur renouvelable chez Uniclima, et Roland Bouquet, vice-président délégué du Synasav.

La maintenance obligatoire, tous les deux ans, des pompes à chaleur est aujourd’hui une réalité. Les textes instaurant cette disposition sont en effet parus fin juillet au Journal officiel, quelques mois après l’annonce par les pouvoirs publics de cette évolution. L’administration a profité de la transposition de la directive européenne sur l’efficacité énergétique pour harmoniser les conditions de contrôles des installations de chauffage en général. L’apport le plus manifeste de ces travaux constitue ainsi l’entrée de la Pac dans cette logique de contrôle obligatoire. Les textes de juillet concernent aussi bien les équipements neufs, qui devront être contrôlés au plus tard dans les deux ans suivant leur installation, que les existants qui devront l’être d’ici au 1er juillet 2022.

Une obligation de contrôle pour les installations d’une puissance de 4 à 70kW

« Jusqu’ici, seuls les pompes à chaleur réversibles et les appareils de climatisation étaient soumis à une inspection, pour les puissances supérieures à 12 kW », nous explique Valérie Laplagne, en charge de la chaleur renouvelable chez Uniclima. La directive européenne a relevé ce seuil à 70kW, et les pouvoirs publics français ont ‘comblé le trou’ en introduisant cette contrainte d’entretien pour les équipements dont la puissance est située entre 4Kw et 70kW, comme c’est déjà le cas pour les chaudières. Un autre arrêté concerne l’inspection périodique des « systèmes thermodynamiques et des systèmes de ventilation combiné à un chauffage » d’une puissance supérieure à 70 kilowatts.

« Nous souhaitions cette évolution au vu de l’augmentation du nombre de pompes à chaleur vendues »

« Nous sommes satisfaits, car nous militions depuis deux ans pour cela », explique à Batiactu Roland Bouquet, vice-président du syndicat national de la maintenance et des services en efficacité énergétique (Synasav). « Nous souhaitions cette évolution au vu de l’augmentation du nombre de pompes à chaleur vendues, liée au coup de pouce chauffage, mais également à une évolution sociétale qui fait que les gens veulent sortir du carbone. » Les détracteurs de la commercialisation massive de pompes à chaleur pointaient en effet souvent le fait que la maintenance n’était pas obligatoire ; ce n’est donc plus le cas aujourd’hui.

Technicien de maintenance, un métier d’avenir ?

La filière doit à présent s’organiser pour être en mesure de contrôler jusqu’à 500.000 Pac par an. « Nous avons monté des groupes de travail à ce sujet, avec l’objectif d’attirer des jeunes et de former le personnel », détaille Roland Bouquet. « Nous devons montrer que technicien de maintenance est un métier d’avenir, faisant appel aux outils numériques pour programmer et réguler les équipements, avec une bonne part d’autonomie. » Charge aux acteurs, également, de communiquer auprès des professionnels et du grand public pour que cette obligation de maintenance soit respectée.

Plus techniquement, l’arrêté concernant les installations de 4 à 70kW comporte trois annexes, concernant les points que comporte l’entretien (voir encadré ci-dessous), les conseils à apporter aux clients (sur le système thermodynamique, le fluide frigorigène, les systèmes de régulation et de contrôle de température…), et la réalisation d’une attestation d’entretien.

Les points de contrôle précisés dans l’arrêté du 24 juillet 2020

Générateur de chaleur ou de froid :

Pour tous les systèmes thermodynamiques :

– Relevé des températures de l’unité intérieure et de l’unité extérieure et vérification du bon fonctionnement ;
– Vérification du fonctionnement de l’inversion de cycle lorsque c’est possible ;
– Vérification de l’enclenchement des appoints ;
– Mesure des tensions électriques statiques et dynamiques.

2. Pour les systèmes aérothermiques :

– Vérification de l’échangeur de l’unité extérieure et nettoyage si nécessaire ;
– Nettoyage et décrassage de l’unité intérieure et du filtre.

Système de distribution :

3. Pour les systèmes de distribution par boucle d’eau :

1. Contrôle de l’embouement lié au phénomène d’hydrolyse ;
2. Purge des bulles d’air du circuit lorsque le purgeur est fonctionnel et accessible ;
3. Contrôle de la pression ;
4. Vérification du fonctionnement des circulateurs ;
5. Vérification et nettoyage du filtre sur la boucle d’eau si nécessaire ;
6. Contrôle de la pression de gonflage des vases d’expansion avec regonflage si nécessaire.

4. Pour les systèmes de distribution par vecteur air :

1. Vérification de l’état des gaines accessibles ;
2. Vérification et nettoyage avec désinfection si nécessaire de l’unité intérieure et du filtre ;
3. Vérification du fonctionnement du ventilateur.